Avec ce deuxième tome, Mária Vincze poursuit son récit et son analyse du vécu d’enfants élevés à l’institut Pikler et de leur accompagnement individuel. Elle nous offre une plongée dans le quotidien de ce maternage insolite qui, grâce à Geneviève Appell et Myriam David, a fait la réputation de Lóczy en France. Elle montre que, grâce à leurs observations minutieuses, les nurses ajustent les soins aux spécificités de chaque enfant et adaptent en permanence la pratique enseignée à l’Institut. Mária Vincze n’hésite pas à questionner le fonctionnement institutionnel et à pratiquer l’autocritique quand elle estime que Lóczy a failli à sa mission.
Les parcours de Paula et Gabor sont décrits à partir du journal des enfants où leur nurse de référence consigne les événements et l’évolution au jour le jour du comportement, du développement, des intérêts des enfants. Ces notes et observations quotidiennes constituent de véritables récits de vie qui soutiennent la capacité de ces enfants en rupture familiale à se raconter leur propre histoire.
Parmi les aspects fondamentaux de l’approche piklérienne, cette attention implicite et explicite à la narrativité fonctionne comme aide à la subjectivation de ces enfants au passé douloureux et comme élément essentiel de l’atmosphère thérapeutique de Lóczy. « Si cela est vrai pour les enfants de Lóczy, cela l’est pour tout enfant, d’où la reconnaissance qui doit être la nôtre à l’égard des travaux de l’institut Pikler que Mária Vincze illustre ici si intelligemment et si subtilement. » Bernard Golse