Qu’est ce qui se passe de si particulier à Lóczy ? Quelle est la spécificité de l’atmosphère thérapeutique qui y règne ? C’est la question rétrospective que pose Mária Vincze en revenant à la fin de sa vie sur l’histoire de deux petites filles qui ont vécu leurs premières années à l’Institut Pikler de Budapest.

À travers les cahiers d’observations de Grete et Aniko, Mária Vincze analyse quel accueil au quotidien permet aux enfants privés de leurs parents de grandir en institution. Pour elle, un séjour en pouponnière doit être non pas simplement l’attente d’une autre solution mais un temps porteur de sens, « susceptible d’apporter une sécurité à des enfants privés de leurs mères, blessés dans leur être, au moral, et souvent aussi sur le plan physique, de favoriser une bonne socialisation et le développement sain de leur personnalité ».

Extrêmement vivants et sensibles, les récits du vécu de ces tout-petits, qui, en grandissant prennent conscience de leur situation particulière, permettent d’appréhender leurs capacités de résilience, c’est-à-dire leurs ressources propres pour faire face aux difficultés qu’ils rencontrent, pour les intégrer, les inscrire psychiquement et, dans les bons cas, pour en tirer profit. Au-delà, ils donnent des clés pour comprendre le développement cognitif et émotionnel de tout enfant et transmettent l’ouverture d’esprit, l’enseignement, la pensée de cette institution, son originalité profonde et son ancrage éthique.